L’Histoire de la maison de Montmorency
est la réédition d’un ouvrage écrit par l’académicien Désormeaux en
1764. Cet ouvrage en 5 volumes, d’une rare qualité, le plus beau et
le plus complet qui ait été composé à ce jour sur cette illustre famille,
était devenu avec le temps presque introuvable.
Le Montmorency portait le titre de premier baron chrétien de France,
parce que – selon une antique tradition orale – l’un de ses ancêtres
aurait été le premier à recevoir le baptême de l’évêque saint Denis,
dont il aurait partagé le martyre, lorsque celui-ci pénétra en Gaule
au IIIe siècle afin d’évangéliser cette partie de l’Empire. Les premiers
Montmorency ne sont toutefois historiquement attestés qu’à partir de
la fin du IXe siècle dans les archives des religieux de Saint-Denis,
pour qui ils se montrent de turbulents voisins. Dès lors, de Lothaire
Ier à Louis XIV, le Montmorency se tient à la droite du roi, sur la
plus haute marche du trône, dogue altier de la glorieuse maison de France
; on le voit aussi, maréchal ou connétable, qui marche, l’épée haute,
contre le Flamand révolté, l’Albigeois hérétique, le Plantagenêt et
le Tudor d’Angleterre, l’Aragonais d’Espagne et de Sicile, l’usurpateur
de Constantinople, les infidèles de la Terre-Sainte, les réformés intraitables,
les condottieri italiens et les terribles lansquenets du Habsbourg.
L’histoire des Montmorency, c’est l’histoire de la monarchie française
; derniers Carolingiens, Capétiens, Valois et Bourbons, le Moyen-âge
naît, s’épanouit et s’éteint, la Renaissance s’oublie dans le sang versé
de huit guerres de religion, la France de l’absolutisme – si longtemps
hésitante à
naître – s’affirme enfin : le Montmorency est là, comme le roi, au cœur
même des drames historiques qu’il provoque ou qu’il subit, qu’il oriente
ou qu’il combat.
Comme le Capétien, le Montmorency se comporte en paysans acharnés à
agrandir ses biens par des mariages avantageux, des héritages fructueux,
des achats, des dons, des empiètements, des querelles de voisinage ;
et le moment viendra où le Montmorency apparaîtra comme le plus riche
seigneur de France et peut-être d’Europe. Alors, couvert de la gloire
de ses douze maréchaux, sept connétables et quatre amiraux ; fier de
ses 132 châteaux et de ses alliances avec toutes les familles régnantes
de l’Europe ; arborant les colliers des ordres les plus prestigieux
de l’univers ; le Montmorency paraîtra à la Cour avec plus de magnificence
que le roi même, suivi de 800 gentilshommes si finement parés d’or et
d’étoffes, que le plus humble d’entre eux eût encore passé pour un prince.
L’histoire de cette famille se confond si bien avec celle de France,
que lorsqu’en 1764 la duchesse de Montmorency présenta l’ouvrage de
Désormeaux à Louis XV, en demandant : « Sa Majesté connait-elle l’histoire
de la maison de Montmorency ? » le Roi lui répondit : « Madame,
je connais l’histoire de France. »
|